mardi 8 mai 2012

Contre Sarkozy, objectif l’urne


ANALYSE Arrivé en tête du premier tour, le socialiste espère bénéficier de bons reports de votes face à un président plus isolé que jamais.

Par ANTOINE GUIRAL
Rideau sur le sarkozysme ? Toute la gauche en est persuadée : le changement, c’est dimanche. Cette longue, très longue campagne présidentielle aura réservé, jeudi soir, un ultime coup de théâtre avec le choix du centriste François Bayrou de placer la question des valeurs au-dessus de toute autre considération politique, à travers son vote pour François Hollande. Cette décision a aussitôt déclenché les foudres du camp Sarkozy, qui a préféré cibler la personnalité de Bayrou plutôt que de se pencher sur les raisons qui l’ont conduit à se déporter pour la première fois de la droite vers la gauche. L’examen de conscience et les règlements de compte commenceront dès dimanche soir à l’UMP…
Plus isolé que jamais à la veille de ce scrutin, le chef de l’Etat n’a obtenu aucun ralliement d’un candidat du premier tour. Devancé le 22 avril de plus de 500 000 voix (27,2% contre 28,6% à son adversaire), Nicolas Sarkozy est donné battu dans tous les sondages avec un écart de 5 à 7 points selon les instituts. François Hollande, qui a reçu le soutien de cinq des huit éliminés du premier tour, fait donc figure de grand favori. «Ne faites pas un vainqueur étriqué», a-t-il lancé vendredi. T outes les chancelleries anticipent une alternance en France.
L’«hyperprésident», qui a déclaré à plusieurs reprises vouloir quitter la vie politique en cas de défaite, a paradoxalement renforcé le caractère référendaire - pour ou contre lui - de cette présidentielle avec son positionnement ultradroitier destiné à séduire les électeurs FN. «Tout se passe comme prévu», a péroré le candidat UMP tout au long de sa campagne quand il recevait les parlementaires de la majorité, pétris de doutes sur sa stratégie. Mais les fameuses courbes - tant décriées en meeting par Nicolas Sarkozy mais disséquées quotidiennement à l’Elysée - ne se sont jamais croisées. Ce qui ne l’empêche pas de prédire sa victoire dimanche, fort de sa «majorité silencieuse». Depuis 2009, quand sa cote de popularité s’est effondrée, le président de la République n’a pourtant jamais réussi à remonter la pente. La majorité UMP a perdu tous les scrutins intermédiaires et, cet automne, pour la première fois sous la Ve République, la gauche s’est emparée du Sénat. Vendredi, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole du président-candidat, s’est fendue d’un ultime SOS en appelant «à un sursaut national en faveur de Nicolas Sarkozy». Dimanche, seuls d’excellents reports de voix Front national et Modem pourraient le sauver.
Les reports
A gauche, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont disciplinés. Ils voteront Hollande à près de 90%, selon les dernières enquêtes. Le candidat PS peut aussi compter sur le soutien quasi total des écologistes et des autres petits candidats d’extrême gauche qui souhaitent «faire barrage à Nicolas Sarkozy». Bref, carton plein.
Les électeurs de François Bayrou (9,1%) seront-ils sensibles à son message ? Pour l’heure, ils se répartissent en trois tiers à peu près égaux entre Sarkozy, Hollande et l’abstention ou le vote blanc.
Cible privilégiée de Nicolas Sarkozy, les partisans de Marine Le Pen pencheront-ils pour lui ? Selon les sondages, ils seraient au mieux 60% à glisser un bulletin en sa faveur. Mais les plus politiques sont prêts à voter Hollande dans l’espoir de dynamiter l’UMP et de favoriser une recomposition de la droite qui n’exclurait plus leur leader… C’est pourtant sur ce bloc frontiste que Sarkozy a tout misé pour «créer la surprise».
La participation
Comme au premier tour, l’abstention sera faible et la participation devrait avoisiner les 80%. La gauche est «surmobilisée» par l’enjeu de battre Sarkozy. L’UMP et ses satellites sont rassemblés derrière le sortant, qui a fait le pari de réveiller les abstentionnistes et de s’adresser à tous les indécis pour faire la différence. Mais selon Brice Teinturier de l’institut Ipsos, «il n’y a pas de dynamique d’un surcroît de mobilisation». Dimanche, c’est une certitude, toutes les voix compteront.

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