jeudi 10 mai 2012

Free Mobile, les abonnés ne font pas les profits


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A quelques jours de la publication par Free Mobile de ses chiffres du premier trimestre, les interrogations redoublent sur la réalité de la performance de l’opérateur, en nombre d’abonnés comme en rentabilité.

L’affluence : une performance à relativiser


Dans l’absolu, recruter 3 millions d’abonnés en douze semaines est un record. La Poste Mobile, fort de sa campagne de pub et de sa marque, en avait conquis un demi-million en six mois. Pour mémoire, les analystes s’accordaient, au lancement de Free Mobile, sur le chiffre de 2 millions d’abonnés au mieux fin 2012.
Mais si l’on rapproche ce chiffre de 3 millions des 4,85 millions d’abonnés à la Freebox, la performance est à relativiser. Les conditions privilégiées offertes par Free Mobile à ses clients ADSL (réduction de 4 euros sur le forfait à 19,99 euros et gratuité du forfait 1 heure de voix et 60 SMS, à 2 euros) sont un puissant booster pour basculer chez lui. Qui peut résister à la gratuité ? L’avantage pour Free, c’est que cette réduction dope également les abonnements à la Freebox. Dans la foulée du lancement de Free Mobile, l’opérateur a ainsi engrangé 9 000 à 10 000 inscriptions par jour à son offre ADSL.

Le danger de la gratuité


L’estimation à un million d’abonnés au forfait gratuit pourrait coûter à Free plus qu’il ne lui rapporte. L’équation économique de départ est établie sur des prix de gros (voix et SMS) très avantageux pour lui. Tout comme pour le forfait illimité. Or, le régulateur des télécoms vient d’être invité à justifier l’avantage important consenti à Free sur ses prix de gros.

Un réseau hors de prix


Le coût de la location 2012-2014 du réseau d’Orange, confirmé hier à 1 milliard d’euro par Stéphane Richard (l’Express du 7 mai), le patron de France Télécom, illustre le lourd tribut payé par Free Mobile à l’explosion de son nombre d’abonnés. Il est à comparer au coût de déploiement de son propre réseau, estimé en 2010 autour de 1 milliard d’euros. Free a beau le déployer aussi vite que possible — 31% de la population est couverte selon l’étude remise en fin de semaine dernière par l’ANFR, le gendarme des fréquences —, les communications de ses abonnés passent toujours massivement par le réseau d’Orange.

Paru dans Libération du 9 mai 2012

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